Et si nous parlions de Passion sans retour ? Roman de Luc Marandet qui met en scène un amour platonique et une correspondance à sens unique, vous pouvez le découvrir sur Amazon ou sur Simplement Pro (pour les chroniqueurs).
Mathieu, un héros en pleine métamorphose
On observe l’évolution intérieure de Mathieu vers son rêve d’écrivain. De même, on découvre progressivement qui il est, ses blessures, son enfance, le pourquoi de sa remise en question. Cette évolution est distillée tout au long du récit, portée par la plume si reconnaissable de l’auteur.
L’auteur décrit fort peu ses personnages. On ignore à quoi ressemble Mathieu, et sa femme plus encore (elle n’a pas même de prénom). Une manière d’universaliser le récit, les personnages étant prétextes à une réflexion existentielle plus large.
On note la rupture exprimée entre les pensées de Mathieu, et la réalité prosaïque de sa vie de couple, futile, vaine. Celle-ci, par les échanges avec son épouse, vient régulièrement casser les rêves et les questionnements philosophiques de Mathieu.
Passion sans retour, un récit de l’intime
L’action n’est clairement pas au cœur du récit. C’est un roman de l’intime, de l’attente, de la métamorphose discrète. Il est dans l’analyse critique du monde de Mathieu : son travail, sa vie conjugale, son passé, ses parents.
Les changements de narration sont aussi déboussolants qu’originaux. Celle-ci commence à la troisième personne avec un narrateur externe, mais peu à peu le narrateur devient interne, avec l’intégration de Mathieu et de ses correspondances avec Julie. Cela vise à perdre le lecteur : qui écrit qui ? Le narrateur écrit Mathieu pour le décrire à Julie, comme un admirateur qui veut se faire connaître de son idole.
Le début qui renvoie à la fin
On comprend à la fin que l’ensemble du récit amène le lecteur à comprendre l’importance de cette séance de dédicaces, de cette première rencontre physique entre Julie et Mathieu, et l’enjeu qu’il y a derrière pour Mathieu. Il est amusant aussi de comprendre que c’est la femme de Mathieu, par son ancrage avec la réalité, qui l’encourage à rencontrer Julie.
Une jolie citation à retenir
« supporter une peine clandestine, souterraine, où, subitement, le souvenir est frappé de l’ennui ».
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