Aujourd’hui, je vous invite à découvrir le recueil de nouvelles de Luc Marandet, D’une destinée l’autre. La nouvelle est un format difficile à manier, un art à part entière. Une fois de plus, l’auteur nous montre l’étendue de son talent et sa capacité à multiplier les possibles tout en gardant son identité littéraire. Je vous livre mon avis en tant que lectrice assidue de Luc.
Des nouvelles singulières
J’ai aimé sans réserve ou presque toutes les nouvelles, en voici quelques exemples. La femme au landau lance très bien le recueil, j’ai été moi-même accrochée par cette femme mystérieuse, qui passe sans qu’on sache qui elle est. Et cet homme, Pierre, dont on ignore tout, qui se fait contemplateur, pour au final s’apercevoir que la réalité n’est pas à la hauteur de la fable qu’il s’est créée.
La fille en blanc est une nouvelle tout aussi plaisante : moment fugace de deux destins qui se croisent puis se quittent, c’est doux et charmant à lire, écrit avec une grande retenue, et la fin résonne comme une promesse.
Quant à Elle et Lui, qui évoque, volontairement ou non, un titre de George Sand, c’est une très belle nouvelle, émouvante et triste, celle d’une rupture déchirante et de l’amour qui s’enfuit, qui n’est pas sans rappeler une chanson de Brel. Jolie conclusion à ce recueil.
Des histoires qui se répondent
Il s’agit toujours du destin d’un homme, qui est suspendu à celui d’une femme. Cette femme croise la vie du narrateur, souvent de manière éphémère, une femme qui passe, ou bien une femme qu’on va quitter, ou qui vous quitte, en somme elle se conjugue à tous les temps, au présent, bientôt au passé pour certaines, au futur pour d’autres, comme une promesse. Ce sont des nouvelles intimistes, qui plongent au plus profond des personnages pour en extraire leurs rêves, leurs fantasmes, leurs douleurs et leurs espoirs. Les nouvelles se marient bien entre elles, sans pour autant se ressembler.
La plume
La plume est toujours belle, élégante, identifiable, singulière. L’ensemble se lit avec aisance et fluidité. C’est au demeurant une plume vraiment multiple, qui sait s’adapter tant à la poésie qu’au roman, qu’au théâtre, et ici à la nouvelle. Un format littéraire tout sauf évident à maîtriser. L’art de dire beaucoup en peu de pages, et c’est réussi.
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